Gudule de Bruxelles : Sainte Patronne et Lanterne Rebelle

Gudule de Bruxelles : Sainte Patronne et Lanterne Rebelle

“Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.”

(Jean 8:12)



Gudule de Bruxelles, ou plutôt Gudule de Moorsel pour les puristes, est une sainte catholique qui a vécu au VIIe siècle dans le pagus de Brabant. Née à Moorsel, elle est devenue une figure incontournable de la ville de Bruxelles, dont la cathédrale porte fièrement son nom. Mais ne vous y trompez pas : derrière cette figure pieuse se cache une histoire pleine de rebondissements... et de lumière (littéralement).


Gudule, fille de Wigéric de Bidgau et d'Amalberge de Maubeuge (elle-même sainte, parce que, visiblement, la sainteté est une affaire de famille), a grandi dans un environnement où prier et méditer n’étaient pas des options, mais un mode de vie. Sa marraine, sainte Gertrude de Nivelles, lui a inculqué une éducation religieuse solide. Résultat : Gudule était « chaste de corps, chaste d’esprit, affable envers tous »… bref, la fille parfaite qu’aucun parent ne mérite.

Mais ce qui fait de Gudule une sainte mémorable, c’est son duel quotidien avec le diable lui-même. Chaque matin, armée de sa foi (et d’une lanterne), elle se rendait à l’église du Saint-Sauveur, située à deux lieues de chez elle. C’est là que le diable, sûrement en manque d’activité, s’amusait à éteindre sa lanterne dans l’espoir de la faire s’égarer. Malheureusement pour lui, un ange venait toujours à la rescousse pour rallumer la lumière. Si l’expression « voir la lumière au bout du tunnel » existait déjà à l’époque, Gudule en était l’incarnation littérale.


Après sa mort (entre 680 et 714), Gudule n’a pas pris sa retraite spirituelle. Ses reliques, d'abord enterrées à Hamme, ont rapidement été déplacées pour être vénérées à l’église de Moorsel. Mais Bruxelles avait de plus grandes ambitions pour elle : au XIe siècle, Lambert II de Louvain, comte de Bruxelles, fit transférer les reliques à l’église Saint-Géry, avant qu’elles ne trouvent leur demeure finale dans l’église collégiale Saint-Michel.

Avec le temps, cette église est devenue la célèbre cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles. Et bien que son nom officiel inclue Saint Michel, les Bruxellois, têtus comme à leur habitude, continuent de l’appeler « Sainte Gudule ». Parce qu’au fond, on sait tous qui avait vraiment la lanterne dans cette histoire.


La cathédrale actuelle, un chef-d’œuvre gothique brabançon, diffère légèrement des modèles français. Pas de rosace en façade comme à Notre-Dame de Paris, mais une majestueuse fenêtre en ogive qui inonde la nef de lumière. Une décision architecturale inspirée, peut-être, par l’histoire de Gudule et sa lanterne.

Fêtée chaque 8 janvier, Sainte Gudule reste une source d’inspiration pour les croyants… et un cauchemar pour les amateurs de ténèbres. Que vous soyez Bruxellois ou simplement curieux, son histoire rappelle qu’avec un peu de foi (et une lanterne qui résiste au vent), on peut briller même dans l’obscurité.

Alors, la prochaine fois que votre lampe de poche rend l’âme, pensez à Sainte Gudule : si elle a réussi à triompher du diable avec une lanterne, vous pouvez certainement gérer une coupure de courant.

Prière :
Seigneur,
Comme Sainte Gudule, donne-nous la force de marcher dans la lumière de ta foi, même lorsque l'obscurité nous entoure.
Que nous sachions toujours porter notre lumière, non seulement pour nous-mêmes, mais pour ceux qui, dans l'ombre, cherchent ton amour.
Que, comme elle, nous affrontions le mal avec courage et persévérance.

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